lundi 26 octobre 2009

Sur Rue89, un commentaire : Sarkozy, Alliot-Marie,Evrard, Buffet, Bontemps et la biologisation des déterminismes comportementaux

Je viens de publier ce commentaire sur le site Rue89.
Il s'est affiché.
Je l'ai écrit en réponse à un intéressant article de Pascal Riché.

De Yanick Toutain

Humain sur Terre | 18H22 | 26/10/2009 | Permalien

Bonjour

Une vidéo donnée par un des liens du débat du rue89
http://www.rue89.com/2007/06/01/un-geneticien-a-lelysee-pour-quoi-faire
donne, sur Daily Motion une vidéo

Sarkozy et la psychiatrie 2/2
envoyé par czb2. -





dans laquelle le début de la phrase de Sarkozy quant au suicide des jeunes est donné comme reste de la citation
"ensuite il [Nicolas Sarkozy] dit : "Dans ce débat entre l'inné et l'acquis, je suis absolument persuadé que l'inné joue un rôle immense, - sous entendu l'acquis joue un rôle extrêmement faible - ... pour ce qui est du suicide des jeunes"

après recherche sur Google, le texte complet de l'échange est
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Article paru dans PHILOSOPHIE MAG N°8
http://www.philomag.com/article,dialogue,nicolas-sarkozy-et-michel-onfra...
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M. O. : J'avoue que je me suis toujours interrogé sur la place du temps libre dans votre existence. En politique, vous faites un tel éloge de la valeur travail. On dirait qu'il y a, pour vous, deux catégories de gens : les courageux et les paresseux, ceux qui se lèvent tôt et les bons à rien. En ce qui me concerne,
il m'arrive de travailler beaucoup, parfois dix ou quinze heures par jour. Mais je me garderais bien d'extrapoler, de prétendre que les autres devraient en faire autant. Car il y a une rémunération symbolique à exercer une profession comme la mienne – ce qui vaut également pour la vôtre, d'ailleurs. Lire, écrire, faire des conférences, ce n'est pas du travail à proprement parler, plutôt une vocation. Étymologiquement, le travail vient du latin tripalium, qui désigne un instrument de torture. Notre activité n'a pas grand-chose à voir avec celle de l'ouvrier qui s'épuise à la chaîne dans des conditions épouvantables, huit heures par jour…

N. S. : Au cours de mes déplacements, j'ai été frappé de constater toujours plus de bonheur au travail dans les usines que dans les bureaux. Du temps de Germinal, dans la mine, même si c'était éprouvant physiquement, on ne se sentait pas seul. Il y avait des valeurs d'amitié et de solidarité ; le sentiment d'appartenir à une civilisation en progrès aidait à tenir. Tandis que, de nos jours, quand vous êtes dans un bureau confortable, devant un ordinateur, sous l'autorité d'un sous-chef, vous êtes isolé.

M. O. : Cependant, vous ne pouvez pas nier qu'il existe aussi des métiers humiliants. Ma mère était femme de ménage, mon père ouvrier agricole. Ils ne participaient nullement à la culture ouvrière, ne pouvaient guère se prévaloir d'une conscience de classe ou d'une solidarité de classe. Bien sûr, on peut être humilié lorsqu'on est cadre, par son supérieur notamment, mais le statut social en lui-même n'a rien de dégradant.

N. S. : Est-ce que vous croyez que, lorsqu'on est à mon niveau, on n'est pas humilié parfois ? Ou blessé ?

M. O. : La différence, c'est qu'en retour vous pouvez en humilier pas mal aussi. Mais revenons en arrière… Tout à l'heure, nous parlions des circonstances et des occasions qui nous révèlent au cours de l'existence. Il faut tout de même admettre qu'il y a des situations socialement pathogènes ou criminogènes. Dans les banlieues par exemple, la pauvreté et l'ostracisme font parfois ressortir le pire chez les individus… Pour autant, vous ne semblez pas tenir compte des circonstances explicatives atténuantes. Vous ne raccrochez pas les wagons entre les situations criminogènes et les criminels, entre les situations sociales pathogènes et les comportements délinquants.

N. S. : Je me méfie de cette attitude qui consiste à rechercher pour tout acte, aussi mauvais soit-il, des explications, pour le justifier. Certes, il existe certains déterminismes et des inégalités de condition. Mais rien n'excuse, à mes yeux, l'antisémitisme ou le viol d'une fillette.

M. O. : Nous sommes d'accord. Mais expliquer, ce n'est pas excuser. Par exemple, beaucoup d'historiens ont travaillé sur l'Allemagne des années 1930, sur la montée du nazisme, sur la mise en place d'une mécanique génocidaire. Ces historiens ne peuvent pas être accusés de complaisance envers l'horreur des camps, ni de justification.

N. S. : Qu'un grand peuple démocratique participe par son vote à la folie nazie, c'est une énigme. Il y a beaucoup de nations à travers le monde qui traversent des crises sociales, monétaires, politiques, et qui n'inventent pas la solution finale ni ne décrètent l'extermination d'une race. Mieux vaut admettre qu'il y a là une part de mystère irréductible plutôt que de rechercher des causes rationnelles.

M. O. : Comprendre, cela peut nous permettre d'éviter que ces crimes ne recommencent. Parmi de multiples facteurs explicatifs, on peut affirmer que le peuple allemand a probablement été humilié par sa défaite lors de la Première Guerre mondiale, puis par les conditions du Traité de Versailles, et qu'il a en partie cherché à se venger en concentrant sa haine sur le peuple juif devenu bouc-émissaire. Je ne dis pas que c'est une attitude défendable, mais c'est une mécanique psychiatrique et éthologique assez compréhensible.

N. S. : La France a été humiliée, bafouée sous l'Occupation. Cela l'a-t-elle conduite à perpétrer un massacre ?

M. O. : Elle n'en avait pas les moyens. Si les grands crimes de l'histoire, les mauvaises actions ne s'expliquent pas, qu'est-ce qui les provoque ?

N. S. : Je me suis rendu récemment à la prison pour femmes de Rennes. J'ai demandé à rencontrer une détenue qui purgeait une lourde peine. Cette femme-là m'a parue tout à fait normale. Si on lui avait dit dans sa jeunesse qu'un jour, elle tuerait son mari, elle aurait protesté : « Mais ça va pas, non ! » Et pourtant, elle l'a fait.

M. O. : Qu'en concluez-vous ?

N. S. : Que l'être humain peut être dangereux. C'est d'ailleurs pour cette raison que nous avons tant besoin de la culture, de la civilisation. Il n'y a pas d'un côté des individus dangereux et de l'autre des innocents. Non, chaque homme est en lui-même porteur de beaucoup d'innocence et de dangers.

M. O. : Je ne suis pas rousseauiste et ne soutiendrais pas que l'homme est naturellement bon. À mon sens, on ne naît ni bon ni mauvais.
On le devient, car ce sont les circonstances qui fabriquent l'homme.

N. S. : Mais que faites-vous de nos choix, de la liberté de chacun ?

M. O. : Je ne leur donnerais pas une importance exagérée. Il y a beaucoup de choses que nous ne choisissons pas. Vous n'avez pas choisi votre sexualité parmi plusieurs formules, par exemple. Un pédophile non plus. Il n'a pas décidé un beau matin, parmi toutes les orientations sexuelles possibles, d'être attiré par les enfants. Pour autant, on ne naît pas homosexuel, ni hétérosexuel, ni pédophile. Je pense que nous sommes façonnés, non pas par nos gènes, mais par notre environnement, par les conditions familiales et socio-historiques dans lesquelles nous évoluons.

N. S. : Je ne suis pas d'accord avec vous. J'inclinerais, pour ma part, à penser qu'on naît pédophile, et c'est d'ailleurs un problème que nous ne sachions soigner cette pathologie. Il y a 1 200 ou 1 300 jeunes qui se suicident en France chaque année, ce n'est pas parce que leurs parents s'en sont mal occupés ! Mais parce que, génétiquement, ils avaient une fragilité, une douleur préalable. Prenez les fumeurs : certains développent un cancer, d'autres non. Les premiers ont une faiblesse physiologique héréditaire. Les circonstances ne font pas tout, la part de l'inné est immense.


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On retrouve la même position absurde dans les débats entre le violeur séquestreur qui est jugé actuellement et la criminelle de guerre Michèle Alliot-Marie, ministre actuelle de la "Justice" bourgeoise et ex ministre de la défense.
Il n'y a rien d'étonnant à ce que celle qui est la première responsable des assassinats de civils devant l'Hôtel Ivoire en novembre 2004 rejoigne la position du violeur : L'absolution de ces gens-là passe par un déterminisme biologique.
Evrard et Alliot-Marie réclament - de concert - .... la castration des violeurs.
Comme le rappelait - ce matin sur Europe 1, interviewé par JP Elkabbach - l'ex ministre socialiste colonialiste Badinter : un des deux comparses du duo assassin Buffet-Bontemps écrivait tous les jours au président de la république pour exiger .... la peine de mort ... pour lui.
Et pourquoi pas ... la mutilation des membres comme en Arabie Saoudite : Couper les mains des voleurs rassurerait Evrard, Alliot-Marie, Sarkozy et ... toute la France-à-fric.

Ces gens-là ne croient plus à la justice ... Ils croient à l'impunité.
Et quand ils se font attraper, ils réclament pour eux-mêmes la biologisation de leur condamnation : c'est leur corps qui est fautif ... pas eux !

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Quant au fond du débat sur notre détermination biologico-sociale, il faudrait recadrer le débat dans le cadre d'une analyse actualisée de la lutte des classes, d'une analyse sur la reproduction et l'élargissement des classes sociales.
Mais aussi et surtout dans le cadre d'une analyse post-marxiste mettant la lutte des strates (depuis le paléolithique) comme moteur numéro un.
C'est cette analyse qui est le fond conceptuel du constat que la somme de la connaissance et de la bonne foi produit, chez les enfants, et inéluctablement, de la gentillesse.
C'est lorsque un des ingrédients - connaissance et lucidité absolue - manque ou est détruit que l' "homme" prend les caractéristiques décrites par le colonialiste Sarkozy :
Qu'il continue à se rassurer par ses formules d'ignares archaïque et qu'il persiste à conclure

"N. S. : Que l'être humain peut être dangereux. C'est d'ailleurs pour cette raison que nous avons tant besoin de la culture, de la civilisation. Il n'y a pas d'un côté des individus dangereux et de l'autre des innocents. Non, chaque homme est en lui-même porteur de beaucoup d'innocence et de dangers."

Lorsque le Nuremberg de l'Afrique, après avoir mis en lumière le génocide sanitaire de 3 millions de bébés africains au bénéfice de son corrupteur Vincent Bolloré, l'aura condamné - au minimum - à parcourir, à pied, les villages d'Afrique, pour aller s'excuser auprès de ces femmes qui ont auront porté leur enfant 9 mois pour le voir mourir du fait de cette misère de 50 euros par mois auxquelles les condamne l'occupation militaire colonialiste.... il aura largement l'occasion de s'interroger sur les déterminismes absolus de son parcours.

Loin est le temps où Max Planck prenait en considération - dans ses analyses et ses questionnements - la possibilité matérialiste que notre déterminisme soit absolu.

Et que pour autant l'auteur de ses lignes exerce sa liberté tout autant absolue de prendre le risque ... de se voir censuré, ici, une nouvelle fois ...

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NOTES

Les propos d'Alliot-Marie quant à la mutilation barbare qu'elle envisage :
Extraits du Figaro Magazine

"Une loi pour la castration chimique avant la fin de l'année"

PAR ALEXIS BRÉZET, ARNAULD DINGREVILLE ET DOMINIQUE RIZET

"Que pensez-vous de la question posée par Francis Evrard, qui réclame pour lui-même un traitement de castration physique ?

Pour l'instant, la castration physique est interdite en France, mais elle existe ailleurs. Je pense que cela mérite une analyse et qu'aujourd'hui la question de la castration physique peut se poser et être débattue, y compris au Parlement. Quand quelqu'un dit : «Je sais que je suis dangereux, je ne veux pas l'être et je demande à pouvoir être libéré de mes pulsions», c'est quelque chose qui nous interpelle.

Cette disposition pourrait-elle être introduite dans la loi que vous présentez ?

Je vous l'ai dit : un sujet aussi délicat mérite une réflexion approfondie, une consultation des experts. C'est une question qui touche à l'éthique : un ministre ne saurait y répondre seul."


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