lundi 27 avril 2009

Critique matérialiste dialectique du texte écrit par Trotsky «en Défense du marxisme» 3/3 "Défense de l'U.R.S.S. et social-patriotisme"

En défense du véritable matérialisme dialectique, il faut critiquer l'apologie d'un pseudo-marxisme sclérosé écrit par Trotsky « en Défense du marxisme ».(3/3) « Défense de l'U.R.S.S. et social-patriotisme.».

par Yanick Toutain

25/04/09

27/04/09


Ce qui suit est une critique faite d'annotations rédigées à l'intérieur du texte rédigé le 4 novembre 1937 par Léon Trotsky.


Défense de l'U.R.S.S. et social-patriotisme.

Tout cet échafaudage sociologique, malheureusement très fragile ne sert à Craipeau, nous l'avons dit, qu'à s'évader de la nécessité de distinguer au cours de la guerre entre l'U.R.S.S. et les Etats impérialistes.


YT : Appeler « échafaudage sociologique » le contenu de n'importe quel débat – même mauvais – sur la question cruciale de la nature de classe du groupe dirigeant l'URSS est irresponsable. Prétendre que l'enjeu principal était de se préparer à « distinguer au cours de la guerre entre l'U.R.S.S. et les États impérialistes » est stupide.

La question du soutien ou non à l'URSS considérée comme la première question à résoudre est une forme de social-patriotisme russe – d'une forme semblable à celle que Trotsky reproche à Craipeau.

La réponse à la question de « quelle classe dirige l'URSS ? » est aussi la réponse à la question de « Quelle classe a saboté la deuxième Internationale ? », « Quelle classe de salariés exploiteurs a soutenu les bourgeoisies « patriotiques » pour la boucherie contre les peuples que fut la Première Guerre Mondiale ? ».

C'est aussi la réponse à la question de « Quelle classe a saboté toutes les révolutions européennes ?» de la période 1918-1938.

Réduire l'enjeu à la question de l'URSS – à la question de la défense de l'URSS - est totalement absurde, limité et limitatif.

Très révélateurs sont les deux derniers paragraphes de son traité où il aborde le problème. Craipeau nous dit : "De nos jours, toute guerre européenne ou mondiale se résout à un conflit impérialiste et seuls les imbéciles staliniens et réformistes peuvent croire que, par exemple, l'enjeu de la guerre future sera le fascisme ou la démocratie".

YT : Comme en 1914, la fonction principale de la guerre n'est pas – comme le croit naïvement la «tradition » marxiste un partage du monde. La fonction de la guerre de 1792 était de stabiliser le pouvoir de la bourgeoisie. La fonction de 14-18, la fonction de 39-45 étaient d'empêcher les révolutions anticapitalistes d'avoir lieu.

La montée du poids politique de la formoisie et des travailleurs exploités dans la première décennie du 20° siècle est ce qui a motivé les bourgeoisies à déclencher préventivement la guerre mondiale.

Les données dont nous disposons – citées factuellement par Trotsky dans sa « Révolution Russe » sont parfaitement claires : les 6 premiers mois de l'année 1914 en Russie étaient gros d'une nouvelle révolution. Plus puissante encore que celle de 1905. 1917 est la suite de ces 6 mois de luttes ouvrières !

Aux USA, en Allemagne, presque partout, le poids électoral des partis de la formoisie était ascendant. Même Jack London nous le signale dans son « Talon de Fer » écrit 7 ans avant la guerre.


Notez bien cette thèse magistrale : bien que quelque peu simplifiée, elle est exacte et pourtant empruntée, cette fois-ci, à l'arsenal du marxisme.

YT : C'est un « marxisme » un peu sclérosé, en l'occurrence.

Immédiatement après afin de caractériser et de fouailler l'U.R.S.S. comme "champion de la guerre impérialiste", Craipeau nous dit : "Dans le camp de Versailles, sa diplomatie [celle de l'U.R.S.S.] joue maintenant le même rôle d'animation que la diplomatie hitlérienne dans l'autre camp". Admettons.

YT : Il faudra que les économistes égalitaristes se penchent sur cette question: La formoisie est-elle impérialiste ?

Dans quelle mesure la nécessité pour elle de développer la lutte contre le capitalisme – ce qui la contraint à soutenir les luttes des nationalités opprimées - est-elle contradictoire avec le fait de pomper de la plus-value en provenance des pays exploités par l'URSS.

On a vu des pays de l'Est se faire voler par l'URSS dans l'après-guerre.

Déterminer la balance entre les deux enjeux – voler du travail gratuit et s'assurer un rapport de force global en sa faveur – a été une question à réponses variables.

Que l'URSS ait soutenu économiquement Cuba ne prouve absolument pas une absence de pratiques « impérialistes formoises », de pratiques de vol de plus-value, dans d'autres circonstances, dans d'autres pays.

Cet impérialisme n'est pas basé sur une exportation de capitaux comme l'impérialisme capitaliste, mais il est clair que les prix d'échange différents des valeurs nous prouvent des pratiques d'exploiteurs dans les comportements de l'URSS.

Mais le caractère impérialiste de la guerre est-il déterminé par le rôle provocateur de la diplomatie fasciste ? Pas du tout. "Seuls les imbéciles staliniens et réformistes peuvent le croire." Et j'espère que, pour notre part, nous n'allons pas appliquer le même critère à l'État soviétique. On est défaitiste dans les pays impérialistes -n'est-ce pas ?- parce que l'on veut abattre le régime de la propriété privée et non parce que l'on veut châtier un quelconque "agresseur".

YT : Le défaitisme dans les pays capitalistes est lié à la nécessité de vaincre militairement l'État bourgeois, victoire psychologique et victoire physique. La fonction du défaitisme est de profiter de ce qu'un État capitaliste concurrent ait commencé à disloquer les structures militaires de l'État vaincu.

Quand à la victoire à obtenir, il ne s'agit pas de la limiter à abattre le régime de la propriété privée. Croire cela revient à limiter la notion de capital à celle du capital machine.

Intégrer la notion de capital humain – capital savoir répétitif, capital inventif – cela nécessite le fait de prendre en considération la nécessité conjointe d'abattre le régime de la propriété privée du capital humain. Et donc, dès le début du processus révolutionnaire, de déchirer les diplômes et des droits d'auteur.

Cela induit un défaitisme distinct et une stratégie différentes. Le travail en direction des troupes marocaines du général Franco aurait été modifié par le mot d'ordre stratégique de « salaire unique pour tous ». D'autres modifications tactiques sont aussi à envisager.

Dans la guerre entre l'Allemagne et l'U.R.S.S., il sera question de changer les bases économiques de cette dernière, non de punir Staline et Litvinov. Et alors ? Craipeau n'a posé sa thèse fondamentale- que pour emprunter aussitôt une voie opposée. Le danger, le vrai danger selon lui est que les social-patriotes de tout poil prendront la défense de l'U.R.S.S. pour prétexte à de nouvelles trahisons.

YT : La guerre des nazis est effectivement une guerre contre-révolutionnaire. L'invasion de la France est aussi un acte délibéré, voulu, souhaité par la bourgeoisie française, comme par la bourgeoisie allemande, comme une revanche de la défaite provisoire qu'elles subirent de la formoisie française et des exploités français. Le nazi anglais frère du roi invité sur la ligne Maginot à y faire de l'espionnage qui envoie son bras droit rendre compte, aussitôt à Hitler, du résultat de cette tournée d'observation stratégique, fait, bien évidemment, partie d'un complot capitaliste international.

Les barbares nazis furent effectivement le bras armé de la bourgeoisie européenne, de la partie de la bourgeoisie étasunienne dont le leader était l'antisémite Henry Ford, le premier financier de Hitler .

Il est évident que la tentative fasciste de février 1934 en France amena la bourgeoisie française à renoncer à faire la police elle-même, de l'intérieur, et à considérer que l'intervention extérieur, si elle allait lui coûter plus cher, aurait le mérite que donne le succès.

On voit – dans le film 'Bon voyage', - cette bourgeoisie qui se réjouit de cette vengeance sur le Front Populaire.

Mais ce caractère contre-révolutionnaire des guerres caractérisées d'impérialistes est à double fonctionnement : les militaires de 1914 annonçaient clairement qu'ils allaient assassiner les syndicalistes rebelles dès le début de la guerre, en profitant du champ de bataille.

Il n'y a pas de spécificité de la question de l'URSS quant à la contre-révolution.

Quand les coalitions féodales veulent abattre la France républicaine, la défense des mouvements anti-féodaux des pays monarchiques est autant une nécessité que la défense de l' « Etat » anti-féodal français. Les guillemets appliquées aux années 1792-1794 se justifient par le fait que cet « Etat » est un être non-existant : les structures de coercition n'ont aucune véritable stabilité : ce n'est que Thermidor qui sera la sonnerie de trompette de la création d'un véritable Etat bourgeois.

Il aura fallu assassiner Hébert et tuer Robespierre et Danton – le dernier par le pénultième.

Fallait-il en 1795 défendre l'Etat bourgeois du Directoire ?

Fallait-il le défendre contre les assauts des monarchies féodales.

Fallait-il défendre un Etat qui allait massacrer les derniers vrais républicains ?

C'est pourtant la réponse que donne Trotsky !

L'Etat bourgeois de 1794 n'est pas plus à défendre que l'Etat formois de 1939 !


"Dans de telles conditions, toute équivoque dans notre attitude devient fatale." Et de conclure : "Aujourd'hui, il est nécessaire de choisir : soit la "défense inconditionnelle" de l'U.R.S.S., c'est-à-dire (!!!) le sabotage de la révolution dans notre pays aussi bien qu'en Union soviétique, soit le défaitisme et la révolution".

Nous y voici.

YT : Nous y voilà ! Trotsky confond l'Etat bourgeois de 1795 et la confiscation des propriétés féodales.

Il aurait voulu que les babouvistes prennent la défense des accapareurs des biens nationaux. Il aurait voulu que les babouvistes défendent le bras armé de ces gangsters !

Défense de l'URSS est une formule rhétorique qui masque la réalité.

Le dernier « S » de l'URSS a été juridiquement détruit par le constitution de 1936 et politiquement en 1921. Il n'y a plus de « soviets » en URSS !

Ce sont pourtant ces soviets qu'il fallait défendre.


Ce sont, en effet, les soviets que les bolchéviks ont défendu en défendant Kérensky à la fin de Aout 1917.

Ce Kerensky qui complotait avec le général Kornilov allait être balayé par un coup d'Etat dirigé par ce général proto-fasciste.

Il fallait défendre les soviets.


Mais l'histoire a montré que Staline se comportait comme Tiers en 1870 : il préférait, en toute circonstances passer alliance avec l'ennemi extérieur plutôt que de passer la moindre alliance avec son ennemi intérieur.

C'est la grande leçon de l'époque : la formoisie préfère toujours la bourgeoisie que l'égalitarisme.

Il fallait défendre Paris contre les Prussiens, il fallait défendre la Russie contre les fascistes.

Mais il fallait défendre Paris contre Tiers et la bourgeoisie. Mais il fallait défendre la Russie contre Staline et la formoisie.

Il reviendra à des débats ultérieurs avec des spécialistes de la chronologie fine de cette époque de clarifier les modalités de la tactique : Comment agir en 1939, en Russie, en prenant exemple des communards ? Comment il aurait été possible de traiter Staline de la même façon que les Communards traitèrent Tiers ?

Appeler à une insurrection préventive, dirigée par un Toukachevsi, insurrection antiformoise, insurrection égalitariste, aurait été – même si aventuriste – une tactique dix mille fois plus intelligente, historiquement, que la stupide « défense de l'URSS ».

Comme si Marx avait appelé les Communards à la « défense de la France républicaine » ?!!!

Le problème n'est pas du tout le caractère social de l'U.R.S.S. - et ce qu'il implique - puisqu'aussi bien, selon Craipeau, la défense d'un Etat ouvrier, même lorsqu'il est tout à fait authentique, implique que le prolétariat des pays impérialistes, alliés à cet Etat, conclut l'union sacrée avec sa propre bourgeoisie.

YT : Charabia rhétorique qui noie le véritable débat.

"Ici réside la clé de l'énigme" comme l'on dit. Craipeau croit qu'en cas de guerre -avec un grand G- le prolétariat n'a aucun intérêt à savoir s'il s'agit d'une guerre contre l'Allemagne, l'U.R.S.S. ou le Maroc insurgé, puisque dans tous les cas il est indispensable de proclamer "le défaitisme sans phrases" comme étant la seule possibilité d'échapper à l'emprise du social-patriotisme.

YT : Entre le "le défaitisme sans phrases" que Trotsky reproche à Craipeau et la stupide « défense de l'URSS », les acquis du marxisme, en intégrant le concept de formoisie et donc celui d' Etat formois, sont clairement plus près de Craipeau que de Trotsky.

Une nouvelle fois, nous voyons -et avec quelle clarté- que l'ultragauchisme est toujours un opportunisme qui a peur de lui-même et demande, en conséquence, des garanties absolues -c'est-à-dire des garanties inexistantes- qu'il restera fidèle à son drapeau. Ce genre d'intransigeance fait revenir à la mémoire le cas de ces hommes faibles et timides qui, lorsqu'ils deviennent furieux, crient à leurs amis : "Retenez-moi ou je fais un malheur". Donnez-moi des thèses hermétiquement scellées, mettez-moi un bandeau totalement opaque ou sinon... je vais faire quelque chose de terrible.

Nous avons véritablement trouvé la clé de l'énigme.


YT : Oui, mais elle est le fait que le refus obstiné de Trotsky de constater l'existence de la classe formoise. En l'occurence, l' « opportuniste » est bel et bien celui qui appelle – de facto - à la défense inconditionnelle de l'Etat formois.

Car, c'est bien de cela qu'il s'agit. Imaginons un pseudo-marxiste qui aurait expliqué aux Parisiens l'urgence de défendre la « France républicaine » face à l'offensive de Bismarck en 1870.

Un vrai marxiste – Marx – l'aurait accusé d'agir par opportunisme en défendant – sans prononcer le mot – l'Etat bourgeois.

Marx aurait accusé un Trotsky « opportuniste bourgeois » de l'époque de masquer son opportunisme bourgeois sous une formule creuse comme le Trotsky de 1938 défend la formule creuse de « URSS ».


Mais, en tout état de cause, Craipeau doute-t-il, par exemple, du caractère prolétarien de l'Etat soviétique entre 1918 et 1923 ou, au moins, pour faire une concession aux ultra-gauches, entre 1918 et 1921 ?

YT : On le voit ici, l'intellectuel Trotsky n'est pas complètement perdu. Il sent bien, ici, qu'il existe une faiblesse dans son argumentation.

L'Etat mi formois-mi-formarien, de demi Etat de 1917-1921 n'est pas la forme formoise achevée de 1936.

Il sent bien qu'il y a un distingo à faire. Mais ce distingo l'effraye.

Car il implique de nommer la classe qui a acaparé cet Etat comme le fit la bourgeoisie thermidorienne de 1794.

Au cours de cette période l'Etat soviétique manoeuvrait dans le domaine international et cherchait des alliés temporaires. Mais c'est précisément au cours de cette période que le défaitisme fut érigé au rang de devoir pour les ouvriers de tous les pays impérialistes. "ennemis aussi bien qu'"alliés".

YT : Et alors ?

Le devoir de défendre l'U.R.S.S. n'a jamais signifié que le prolétariat révolutionnaire devait donner un vote de confiance à sa bourgeoisie.

YT : Il recommence son imbroglio. En 1920, l'URSS existait encore !

Défendre l'URSS de 1920 c'est défendre une structure étatique dans laquelle la formoisie est encore politiquement très faible et contrainte à accepter que les ouvriers aient les mêmes salaires que les ingénieurs.

C'était un proto-Etat égalitariste !!!

L'attitude du prolétariat au cours de la guerre est la prolongation de son attitude en temps de paix.

YT : Et alors ?

Le prolétariat défend l'U.R.S.S. au moyen de sa politique révolutionnaire qui n'est jamais subordonnée à la bourgeoisie mais toujours adaptée aux conditions concrètes.


YT : Adaptée « aux conditions concrètes ».mais surtout une politique adaptée à une analyse des classes n'oubliant pas ni la formoisie ni l'innovoisie. Les « conditions concrètes » sont toujours pour les ignorants – hors des analyses stratégiques - les portails de l'opportunisme.

Tel est l'enseignement des quatre premiers congrès de l'Internationale communiste. Craipeau veut-il que nous révisions rétrospectivement cet enseignement ?

YT : Ces congrès ont - tous les 4 - un point aveugle : l'existence de la classe exploitese formoise. Il faudra réécrire des pans entiers, pour obtenir ce qu'aurait du être leur rédaction à l'époque. En particulier tous les textes qui invoquent la nécessité du « front unique ».

Ainsi que les passages sur les partis « ouvriers-bourgeois ».


Si Blum, au lieu de proclamer la perfide "non-intervention", avait, tout en continuant à obéir aux ordres du capital financier, soutenu Caballero, Negrin et leur démocratie capitaliste, Craipeau aurait-il renoncé à son opposition irréductible au gouvernement de "Front populaire" ?

YT : Question vicieuse et de mauvaise foi ! L'opposition aurait évidemment cessé d'être « irreductible » dans la mesure du soutien de ses actes – concrets – antifascistes.
Il suffit de lire ce que Marx écrivait à Lincoln pour comprendre ce que cela signifie.

Un militant anticapitaliste peut relever la présence d'actes historiquement positifs dans les comportements des politiciens bourgeois.

D'autant plus que ces actes auraient contrains Blum à rompre avec les radicaux et à s'engager dans une voie « formoise révolutionnaire ».

Aurait-il failli à son devoir qui est de distinguer entre les deux camps qui luttent en Espagne et d'adapter sa politique à cette distinction ?

YT : Il n'y a pas DEUX camps en Espagne. Il y a autant de camps que de classes en multipliant par trois le nombre. Franquistes bourgeois (petits, moyens, grands), franquistes formois, franquistes féodaux, franquistes innovois, républicains bourgeois, républicains formois, républicains féodaux - peu -, républicains innovois ( en chefs de file : les Malraux, Hemingway and Co). Tous ces camps défendent l'Etat bourgeois contre l'égalitarisme. Il faut ajouter les classes exploitées en révolution.


La même remarque vaut pour l'Extrême-Orient. Si Tchang, emboîtant le pas à l'Angleterre, déclarait la guerre au Japon, Craipeau participerait-il à l'Union sacrée pour aider la Chine ? Ou bien proclamerait-il, au contraire, qu'il n'y a pour lui entre la Chine et le Japon aucune différence qui puisse influencer sa politique ?

YT : Si la Japon veut imposer le fascisme à la Chine, les égalitaristes luttent contre les fascistes japonais. Comme les Parisiens contre Bismarck. Mais aussi sans et contre les Thiers et les Staline.

L'alternative de Craipeau : soit la défense de l'U.R.S.S., de l'Ethiopie, de l'Espagne républicaine, de la Chine coloniale par la réalisation de l'Union sacrée, soit un défaitisme systématique, hermétiquement scellé et d'ampleur cosmique -cette alternative fondamentalement erronée s'effondrera en poussière à la première épreuve des faits et ouvrira largement la porte aux formes les plus grossières du social-patriotisme.

YT : Le « social-patriotisme » c'est le sien. Défendre inconditionnellement l'URSS. C'est de l'opportunisme-formois.


"Nos propres thèses sur la guerre, demande Craipeau sont-elles exemptes de toute équivoque sur la question ?"

Malheureusement non. Analysant la nécessité du défaitisme, elles soulignent que "dans la nature des actions pratiques des différences considérables peuvent être provoquées par la situation concrète au cours de la guerre". Par exemple, les thèses indiquent qu'en cas de guerre entre l'U.R.S.S. et le Japon, "nous ne devons pas saboter l'envoi d'armes à l'U.R.S.S." et, par conséquent, éviter de susciter des grèves qui saboteraient les manufactures d'armes, etc. On peut à peine en croire ses yeux. Les événements ont confirmé notre position dans ce domaine avec une force remarquable et indiscutable particulièrement en France.

Pendant des mois, les meetings ouvriers ont vibré au cri de "Des avions pour l'Espagne". Imaginons un moment que Blum ait décidé d'en envoyer quelques-uns. Imaginons qu'à ce moment bien déterminé une grève de dockers ou de marins ait été en cours.

Qu'aurait fait Craipeau ? Se serait-il opposé au cri "Des avions pour l'Espagne" ? Aurait-il conseillé aux travailleurs en grève de faire exception pour le cargo chargé d'avions ? Mais il se trouve que l'U.R.S.S. a effectivement envoyé des avions (à très haut prix et à titre de soutien au régime capitaliste, je le sais parfaitement), les Bolcheviks-léninistes auraient-ils dû appeler les ouvriers soviétiques à saboter ces envois ? Oui ou non ?

YT : Trotsky oublie juste un petit détail : la haute probabilité que les égalitaristes russes aient pu s'emparer des ces armes.

Il oublie aussi de préciser s'il aurait soutenu la livraison de panoplies de geôliers de goulags ? S'il aurait soutenu la livraison d'instruments de tortures ? S'il aurait soutenu la livraison à Staline de poisons visiblement destinés à faire avouer les prétendus saboteurs des procès de Moscou.

Des dockers étasiniens auraient-ils saboté la livraison d'armes pour Thiers. La question aurait eu une simple réponse : tout cela aurait dépendu de la possibilité pour les Parisiens et les révolutionnaires de récupérer ces armes. Pour un usage contre la Prussiens …. et contre les Versaillais !!!



Si, demain les travailleurs français apprennent que deux cargaisons de munitions sont préparées pour être expédiées, l'une au Japon, l'autre en Chine, quelle sera l'attitude de Craipeau ?

YT : Faut-il livrer des armes aux Versaillais ? Même si l'on craint que Bismarck ne reprenne l'offensive contre Thiers ?

Je considère qu'il est assez révolutionnaire pour appeler les travailleurs à boycotter le bateau destiné à Tokyo et laisser aller celui pour la Chine sans, pourtant, cacher son opinion sur Tchang Kai-Chek ni exprimer la moindre confiance en Chautemps9. C'est là exactement ce que préconisent nos thèses : "Dans la nature des actions politiques des différences considérables peuvent être provoquées par la situation concrète au cours de la grève". Des doutes à propos de cette formule pouvaient être soulevés à l'époque où ces thèses ont été publiées en avant-projet.

YT : Mais cela implique de voir la formoisie de Staline. C'est l'enjeu principal.

Mais aujourd'hui, après l'expérience de l'Ethiopie, de l'Espagne et de la guerre sino-japonaise,


9 Camille Chautemps, politicien radical, fut président du Conseil en 1939.

Défense du marxisme

L. Trotsky Page 5 / 119

parler d'équivoque dans nos thèses me semble relever de l'attitude d'un Bourbon ultra-gauche qui ne veut rien apprendre ni rien oublier.

YT : Celui « qui ne veut rien apprendre » c'est celui qui le dit ! C'est Trotsky !


Camarade Craipeau, l'équivoque est totalement de votre côté. Votre article est plein de telles équivoques. Il est vraiment temps de vous en débarrasser. Je sais pertinemment que jusque dans vos erreurs, vous êtes guidé par votre haine de l'oppression qu'incarne la bureaucratie thermidorienne.

YT : Psychologiser les mobiles de Craipeau a pour conséquence de persister dans son aveuglement personnel. Un égalitariste de 1927 aurait pu écrire à Trotsky : « Je sais pertinemment que jusque dans vos erreurs, vous êtes guidé par votre haine de l'oppression qu'incarne la bureaucratie thermidorienne »

YT et enchaîner par

Mais à lui seul, le sentiment, aussi légitime soit-il, ne peut remplacer une politique correcte, basée sur les faits objectifs.

YT : Il manque, une nouvelle fois, le facteur principal : une analyse matérialiste historique actualisée.


Le prolétariat a des raisons suffisantes de renverser et de chasser la bureaucratie stalinienne corrompue jusqu'à la moelle. Mais pour cette raison même, il ne peut, ni directement ni indirectement, laisser ce soin à Hitler ou au Mikado.

YT : Il n'a jamais été demandé à Bismarck de prendre le soin de renverser la bourgeoisie versaillaise ni aux capétiens de Brunswick de renverser la bourgeoisie proto-Thermidorienne.

Staline renversé par les travailleurs : c'est un grand pas en avant vers le socialisme, Staline éliminé par les impérialistes : c'est la contre-révolution qui triomphe.

YT : Une nouvelle fois, cette pseudo-analyse est stupide et a été annihilée par l'histoire. Les révoltes anti-formoises de 1953, de 1956, de 1968 ont été vaincues par les staliniens formois.

Et cela s'est produit après que la fin de la guerre ait révélé l'immense potentiel révolutionnaire égalitariste qui bouleverait la planète. En Terre du Nord comme en Terrre du Sud.

Mais les partis pseudos-trotskystes étaient devenus des agences formoises, des partis radical-formois.

Natalia Trotsky tenta du lutter contre cette dégénérescence. Mais elle fut vaincue par les crypto-staliniens formois du pablisme mandeliste.

L'entrisme « sui-generis » sonna le glas des espoirs des révolutionnaires égalitaristes de cette génération.

L'incompétence de Trotsky en économie et en philosophie allait aboutir à la démission de Natalia de la 4° Internationale : elle refusa – jsutement – de perpétuer cette imbécile « défense inconditionnelle de l'URSS »


Le Trotsky de 1937 avait trahi le Trotsky de 1905. Celui qui aurait pu conceptualiser la classe formoise et l'Etat formois était trahi par le dilettante qui invoquait des mobiles biologiques à la prétendue nécessité des écarts de salaires.

Nous égalitaristes, nous sommes des trotskystes-1905, mais aussi des « Natalia-trotskystes ».

Nous reprenons le drapeau rouge de la révolution égalitariste de 1917 – révolution égalitariste dont le but était : « un seul salaire pour tous ».

Nous agiterons sur le développement inégal et combiné qui nous permet de comprendre que les Besancenot de l'avenir, sous leurs divers déguisements marxistes, trotskystes ou anarchistes, iront toujours se réfugier dans les jupes – et derrière les mitraillettes – des Kornilov du futur, pour défendre leurs privilèges salariaux.

Ce texte est aussi un missile théorique agitatoire.

Natalia serait fière de nous.

Et un Léon Trotsky rompant avec le dilettantisme et les approximations, aussi.

Tel est le sens précis de notre défense de l'U.R.S.S. à l'échelle mondiale il s'agit là d'une orientation analogue à notre défense de la démocratie à l'échelle nationale.

YT : C'est ce que nous disons depuis le début !!!! Défense des libertés bourgeoises, lutte contre l'Etat bourgeois !!!! Défense des acquis sociaux et lutte pour détruire les Etats de toutes les classes exploiteuses : Etat bourgeois, Etat formois hier et Etat innovois Gavras-Rappeneau-Goldman-Cabrel demain !!!


4 novembre 1937.

Défense du marxisme

YT : C'est ce que nous faisons : défendre un marxisme vivant. Pas un cadavre ni une bible !!!

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