dimanche 4 janvier 2009

SOS Bonheur de Van Hamme : Le chômage comme menace pour les travailleurs



SOS Bonheur est une suite de 7 BD d' «anticipation» écrites par Jean Van Hamme (l'auteur de XIII et de Largo Winch) et dessinée par Griffo, alias de Werner Goelen.
Parue en 1988-89 en trois tomes, elle a été rééditée en un seul volume aux éditions Dupuis-Aire Libre
SOS Bonheur de Van Hamme : Le chômage comme menace pour les travailleurs

par Julie Amadis
3 janvier 2009

La plupart de ceux qui ont un emploi sont constamment placé sous la menace du licenciement. Ce harcèlement est une technique pour imposer la docilité.


Dans cet épisode le personnage principal François Mortier, a été embauché - après 8 mois de chômage - dans une entreprise, "la CAG", Compagnie d'Analyses Générales .
On lui demande de faire un travail informatique bête et méchant : noter les différences qu'il pourrait y avoir entre plusieurs listes de chiffres.
Sa hiérarchie refuse de lui dire ce que représentent ces chiffres à comparer.





François va chercher à en savoir plus sur l'activité de cette entreprise. La première réponse qui lui sera donnée sera la menace du chômage.
Notre société use et abuse de cette menace. Plusieurs avaient d'ailleurs analysé le fait que Mai 68 avait été le déclencheur de cette nouvelle stratégie bourgeoise : le chômage et la misère.
La logique est simple, le discours cynique :
"On leur donne le plein emploi, de bons salaires et ils tentent de faire une révolution ! Alors, nous allons les écraser dans la misère et ceci servira de modèle pour les autres".
Comme en 1930 en Allemagne, tous les employés qui refusent d'être des moutons, de fermer leur gueule, qui ont une éthique, les trop curieux comme c'est le cas de François dans la bande dessinée seront mis à l'écart.
Bref, tous ceux qui sont rebelles ou seraient en passe de le devenir seront exclus du travail progressivement par divers biais : licenciement, non renouvellement de contrat ou crainte des employeur qui préfèrent les répétants.
Ça ne marche pas si mal. Beaucoup de travailleurs sont de parfaits moutons. Ils perdent peu à peu leur humanité.
La solidarité n'est pas souvent de mise dans le monde du travail. Si elle existait vraiment, les employeurs ne pourraient se comporter de la sorte.
Plusieurs facteurs peuvent expliquer cette absence de solidarité : L'éducation, les écarts de revenus et le colonialisme.

L'EGOISME ET L'EDUCATION

On apprend aux enfants à l'école, dès le plus jeune âge, l'individualisme,.
Cela fait 2 ans et demi que je travaille dans des écoles et collèges et pour la première fois récemment, alors que je demandais à une «bonne élève» de 6 ans et demi d'aider ses camarades en difficultés, elle m'a répondu "c'est ce que je faisais en grande section" (de maternelle).
L'institutrice de cette classe à qui j'ai souhaité parler juste après, m'a confirmé qu'elle concevait la classe "comme une équipe sportive".
C'est la première fois en 3 ans et demi que je voyais une enseignante demander aux enfants de s'entraider (ce que j'ai toujours pratiqué).

L'EGOISME ET LES ECARTS DE REVENUS

- Les différences de revenus entre les salariés amène les employés à haut salaire à considérer leurs collègues comme inférieurs. J'ai pu voir dans les établissements scolaires où j'ai travaillé à quel point les professeurs se foutent comme de l'an quarante du fait que les assistants d'éducation, pédagogique ou AVS-EVS n'aient pas leur contrat renouvelé en fin d'année. Pourtant, dès qu'un des leurs a le moindre petit problème avec l'administration, avec un élève ou des parents d'élèves - je dis bien "petit problème", il ne s'agit pas d'une menace de licenciement comme c'est notre quotidien à nous les précaires -, la caste des enseignants sort les grands moyens : pétitions, grève...
Nous sommes payés de 3 fois à 5 fois moins qu'eux. Donc nous avons 3 à 5 fois moins de valeur qu'eux. Le licenciement d'un professeur (même s'ils tapent ses élèves) est scandaleux pour ses collègues alors que celui d'un assistant pédagogique est considéré comme normal.

L'EGOISME ET LE COLONIALISME

Les miettes du colonialisme que récupèrent les Français les amènent à refuser de connaître les massacres de l'armée française. Nous sommes dans la même situation que les Allemands en 1942. La majorité d'entre eux fermaient les yeux sur les camps de la mort. Ils se concentraient sur leur petit quotidien. C'est ce que font la majorité d'entre nous. Et cette mauvaise foi ronge l'intérieur, elle empêche la sensibilité à la souffrance des autres.

VIDEO SI L'AFRIQUE EST LE VIETNAM DE LA FRANCE


Alors, même quand il s'agit de quelqu'un de proche, un copain, un collègue qui subit, qui est harcelé au travail, qui est menacé de licenciement... On se tait, on le laisse comme on laisse les Africains mourir...
La plus grande victoire du capitalisme est peut être celle là. Avoir réussi à rendre égoïstes les travailleurs du Nord, à les rendre insensible à la souffrance des autres.
C'est d'abord pour cela qu'il devient urgent de faire une opération d'altruisme généralisée. Pour cela, nous n'avons pas d'autre solution que de donner le même salaire à tout le monde, de rendre les Africains enfin libres en forçant les troupes françaises à partir, et d'imposer l'entraide entre les élèves dans les classes.
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