samedi 10 janvier 2009

à propos de SOS Bonheur : comparaison entre un système bureaucrate formois et un système bourgeois capitaliste


par Julie Amadis

10/1/2009


Dans SOS bonheur, Van Hamme dépeint une société qui sous prétexte de "faire le bonheur des gens" en viendrait à tout contrôler de leur vie.
Cette œuvre ressemble à une satire d'une société communiste de type stalinien.
Cette bande dessinée est divisée en 6 chapitres, dont un sur "Les subsides aux artistes (ou la difficulté d'être du créateur appointé)" Van Hamme.
"Profession protégée" et atteinte à la liberté d'expression
Dans cette pseudo société "socialiste", on sélectionne les écrivains, on leur donne "un titre" et on leur offre tout le confort (logement spacieux, argent...) afin qu'ils puissent créer.
Seul les artistes sélectionnés par cette bureaucratie peuvent exercer leur métier. Les autres (ceux qui n'ont pas été choisis) sont menacés d'arrestation pour "exercice illégal de l'écriture".
Ce sur quoi débouche un système bureaucratique de subventions : une selection des artistes par une minorité dirigeante.
Quelques bureaucrates sélectionnent les artistes. Ces écrivains reçoivent un titre (l'équivalence d'un diplôme) qui va leur permettre d'exercer leur métier.
Le personnage principal Stéphane Grenier est honoré du titre de maître écrivain.
Image première page
On lui offre ensuite tout le confort.


Après avoir reçu pour cadeau un appartement luxueux etc, il remet à plusieurs éditeurs son roman afin de le publier. Mais partout on le lui refuse car ce qu'il écrit ne correspond pas à ce qui est attendu.

Les artistes "subventionnés" finissent par ne produire que des niaiseries faites pour abrutir la population.

Ce ne sont pas les consommateurs qui décident du revenu de l'artiste comme dans le système "démocrate bourgeois" mais la minorité bureaucrate dirigeante.
Dans notre système, le revenu des artistes dépend de la vente des disques, livres ou peintures. Tout artiste peut créer et diffuser ses œuvres.
Dans le cas présenté dans cette bande dessinée, seuls ceux qui ont reçu un titre peuvent exercer, les autres sont poursuivis pour" exercice illégal".




Il est avéré - comme Van Hamme nous le raconte - que pour les artistes le système capitaliste est meilleur que le système bureaucrate formois. Même si beaucoup d'artistes ont des difficultés à vivre de leurs créations dans le monde capitaliste.
Sélection des artistes, sélection des enseignants par une minorité de bureaucrates répétants
Cet épisode fait penser au fonctionnement de l'Éducation Nationale.

L'exercice du métier d'enseignant ne dépend pas du choix des parents (souhait bourgeois) ni même des élèves (souhait égalitariste) mais d'une minorité de pseudo spécialistes formois qui sélectionnent les futurs enseignants en fonction de leurs critères - c'est-à-dire l'aptitude à répéter (apprendre par coeur une quantité phénoménale de connaissances sans forcément les comprendre). Même l'entretien oral qui officiellement sert à mieux connaître la personnalité du candidat afin d'évaluer sa capacité à devenir un bon enseignant consiste à répéter la "philosophie" éducative formoise. Il y a des ouvrages pour préparer l'entretien du concours de professeur des écoles avec les questions des examinateurs et les réponses qu'ils conseillent de donner.
L'idée qui s'en dégage est qu'il ne faut jamais avoir de position radicale, savoir manier la relativité à l'image de leur référent scientifique Einstein.
Pour le CAPES (concours pour les professeurs de collège et de lycée), la nature des épreuves est encore plus en décalage avec les exigences du métier : il n'y a aucune question pédagogique !!
Pour les enseignants innovants qui seraient passés entre les mailles du filet, le système "Education Nationale" prévoit de les user par différentes méthodes : nier leur travail, les critiquer, les isoler, mal les noter, les harceler psychologiquement...
L'institution Éducation Nationale existe dans le cadre de l'État capitaliste. Mais, paradoxalement, fonctionne avec des modalités formoises staliniennes.
On peut dire de cette façon que notre État capitaliste français fonctionne à la fois sur un modèle capitaliste dirigé par la bourgeoise et sur un modèle de type stalinien dirigé par la formoisie.
Si la bourgeoisie est la classe sociale qui domine et dirige majoritairement le pays, le classe formoise partage ce pouvoir.
Ce que Van Hamme a introduit dans sa BD, une sélection formoise des artistes, existe quotidiennement concernant l'éducation. Sa caricature effroyable, tous les innovants qu'ils soient élèves ou enseignants, la subissent tous les jours.



Les mobilisations des lycéens et des étudiants préfigurent la rebellion mondiale qui mettra l'innovation au leadership.

Ils ne remetttent pas encore en cause les contenus pédagogiques et les méthodes, mais la manipulation exercée par leurs enseignants aura une fin.

Lire aussi

SOS Bonheur de Van Hamme :

Le chômage comme menace pour les travailleurs

(les références s'y trouvent)

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